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Par Anne-Valérie Delaplace
Professeur des écoles spécialisée
Mars 2014
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Parents, professionnels de l'éducation et professionnels de soins : comment mieux travailler ensemble ?

En préambule
Un enfant avec autisme scolarisé en école primaire, maternelle ou élémentaire, au collège ou au lycée n'est pas, quoiqu'on en dise, un enfant dont la scolarité peut être ordinaire. Certes c'est un élève, mais sa scolarité ne mobilise pas que lui, l'enseignant et les parents. A ce titre, il n'est pas comme les autres. Nier cette réalité serait faire l'autruche. L'idée d'inclusion a ceci de différent par rapport à l'intégration c'est que le cadre accueillant va bouger ses lignes pour que cet élève soit accueilli de manière profitable. La notion d'intégration voyait l'effort porté par celui-ci qu'il fallait conformer à une sorte de moule dans lequel à défaut d'entrer, la sortie du parcours scolaire était vécue dans les faits.

Il y a effectivement une multitude d'adultes qui s'occupent de cet élève avec autisme. Plusieurs adultes, plusieurs personnalités, plusieurs points de vue, plusieurs egos...
Et probablement aussi, comme dans toute organisation humaine, un système qui connaît des ratés. Suite aux ESS, Équipes de Suivi de la Scolarisation, auxquelles j’ai assisté, aux rencontres et échanges que j’ai pu avoir avec différentes personnes, parents, enseignants, professionnels, force est de constater les points suivants :

Il apparaît à première vue que c'est la certitude d'avoir raison qui est un des éléments fondateurs de ces ratés. Passons donc en revue ce qui pourrait se passer dans la tête des intervenants, et qui poussé à l'excès entraine les difficultés :
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  • L’enseignant : j'ai cet élève dans la classe, je sais ce que je fais, je suis un professionnel reconnu, je donne mon maximum, je suis fondé à me considérer comme essentiel.
  • Le parent : cet enfant est le mien. Personne ne le connaît mieux que moi, c'est la chair de ma chair. Sans moi, il ne serait pas sur Terre, je suis donc primordial.
  • Le directeur : cette école c'est la mienne; j'ai mission de la faire tourner du mieux possible, avec le moins de soucis à apporter à mes adjoints qui ont 25 à 30 élèves par classe. L'Institution me fait confiance. Je suis le piller de cette école... Ma parole prime.

  • Le psychologue : j'ai découvert chez cet enfant des traumatismes probablement liés à des difficultés relationnelles, et des capacités insuffisantes pour en faire un élève normalisé. Sa place est en IME à terme. Ou discours inverse, des potentialités tout à fait normales qui laissent à penser que sa place est en classe ordinaire. Etant dans le secret de l'esprit de cet enfant, personne mieux que moi ne sait ce qui est bon pour lui.
  • L'orthophoniste : avec moi cet enfant montre un intérêt pour la lecture. J'ai fait des études pointues, il ne faudra pas me raconter qu'il ne sait rien. Moi je sais qu'il sait.  
  • L'enseignant référent : ça fait longtemps que je fais ce métier, je maîtrise parfaitement les rouages administratifs, j'ai des contraintes fortes en terme de places d'accueil, d'ouverture, de possibilités, c'est moi qui fais le compte rendu, je suis fondé à imprimer ma marque sur le cours des choses.
  • L'AVS : cet élève je suis avec lui en classe, je sais son langage, je reformule, nous sommes complices. Il serait temps qu'on m'écoute.

Ces états d'âme peuvent sembler caricaturaux. Ils sont pourtant les motifs principaux des ratés dans l'aide à apporter aux élèves avec autisme.
Au cours des ESS, chacun risque, à son corps défendant ensuite, probablement être acteur de l'absence de réussites. La prise de parole est pour certains une prise de pouvoir. Quelque certitudes, des bons mots, quelques anecdotes, le sentiment d'avoir trouvé les arguments géniaux et voilà les autres membres frustrés de n'avoir pas été écoutés ni même entendus. Une ESS qui se passe mal est une ESS au cours de laquelle il y a eu conflit dans la prise de pouvoir. Car pour l'avoir observé, il y a dans ce type de réunion, une recherche d'ascendant.

Il serait parfois temps pour certains professionnels de ne se considérer que comme un rouage de la machine au service de cet élève avec autisme.
Faire preuve d'humilité, se persuader que la parole des autres est aussi valide que la sienne, voilà un beau challenge, non ?
Il faudrait un animateur véritable pour une équipe éducative réussie. La parole à chacun, temporiser les parleurs, solliciter les plus réservés... Et demander à chacun de considérer que la bienveillance commence par le regard porté sur les adultes participant à l'avancée de cet élève avec autisme.
Car, effectivement, chacun est essentiel. Mais chacun l'est avec l'autre. Pas seul. Pas à vouloir être considéré comme l'élément moteur de l'avancée de cet élève et de cet enfant. Il s'agit d'un vrai travail d'équipe. Pas d''une épreuve en solitaire.

Une ESS qui se passe bien est une ESS dans laquelle les parents ne viennent pas en se disant qu'ils vont être jugés, dans laquelle les professeurs savent que leur valeur professionnelle ne sera à aucun moment cause de suspicion. De son côté, le directeur considérera qu'un élève avec autisme a ses particularités, que les collègues doivent en être informés et convaincus que c'est par l'inclusion que les progrès se font et se feront. Il pensera prévoir aussi une alerte à l'IEN pour qu'il organise les formations nécessaires. Il inscrira à l'ordre du jour du prochain conseil d'école un point particulier et fera adopter un avenant au projet d'école sur cette inclusion, sur le respect des différences, sur ce savoir fondamental dans l'éducation du citoyen : ne pas avoir peur, aller vers l'autre et être bienveillant. L'AVS saura trouver les mots pour décrire sa vie aux côtés de cet élève. Les détails ne sont pas anodins, tout peut être dit. Les inquiétudes, les constats, les craintes, les espoirs.
Toute élément sera considéré comme intéressant et digne d'écoute. Le respect du temps de parole devra être suivi.

L’enfant a tout à gagner de la convergence de vues et du dialogue entre les adultes qui s’occupent de lui. La cohésion d’une équipe pédagogique, éducative et soignante autour de l’élève favorisera son inclusion à l’école. Une équipe de suivi de la scolarisation réussie, c’est le gage d’une ouverture vers l’avenir de l’élève à l’école. Pourtant l’inclusion n’est pas toujours pleinement réussie. Il y a des préalables fondamentaux qui facilitent la scolarisation.

Voici quelques pistes pour travailler dans un réel travail de partenariat :

1 - Des relations de partenariat au sein de l'école

Il faut considérer que l'on est une équipe, et une équipe qui gagne, donc on se passe le relais, on s'entre-aide dans un seul et même but : la réussite de la scolarisation et l'inclusion.

  • Avec l'AVS : l’AVS est une aide précieuse pour l’évolution de l’enfant. Son rôle et ses missions sont clairement définis par l’Education Nationale. Hélas, elles ne sont que peu formées, en particulier à l’autisme, pour exercer cette fonction qui est un métier à part entière. Les rôles dans la classe, AVSco (lorsque l’on travaille en Clis), AVSi, enseignant sont clairement définis et les enfants le comprennent intuitivement, et si besoin est, on leur explique. Il est essentiel que cette communication soit réelle et se fasse dans le respect de l’autre. Associer les AVS aux réunions de concertation, aux équipes de suivi de la scolarisation, aux réunions avec les parents, est essentiel. Elles ont bien évidemment leur mot à dire, tout autant que l'enseignant, et leur vision différente est importante. Ne serait-ce que parce que l’enfant ne se comporte pas de la même façon selon la personne qu’il a en face de lui . De même lorsque l’enseignant pratique en classe des grilles d’observations de compétences et de comportement de l’élève en classe, il est important d’y associer l’AVS afin que les grilles soient complétées avec le plus d’objectivité possible.

  • Avec l'équipe pédagogique (le directeur, les collègues) : cet élève est aussi un enfant qui participera aux activités communes de l’école et notamment aux récréations. Lui faire visiter les lieux de l’école et rencontrer les autres enseignants en début d’année scolaire s’il vient d’arriver est essentiel pour que l’enfant ait des repères visuels. Les temps de récréation nécessitent une vigilance accrue de la part des adultes afin que tout se passe bien. Quelques livres dans le bibliothèque de l’école de littérature de jeunesse expliquant l’autisme peuvent s’avérer utile pour faire comprendre aux élèves de la classe et des autres classes ce qu’est l’autisme et qui est cet enfant qui peut, de prime abord, paraître un peu étrange .

  • Avec les parents : ils sont les premiers experts de leur enfant. Qui en effet connaît le mieux ces enfants ? La réponse va de soi. Les rencontres avec les parents peuvent se faire sur des temps très divers dont les objectifs varient. Il y a les rencontres informelles, au portail de l’école le matin, le midi ou le soir, celles où on se dit bonjour et où l’on apprend si un événement particulier est à noter. Ces moments courts ont toute leur importance car ils permettent de faire le premier lien essentiel, une passerelle importante pour l’enfant entre la maison et l’école. Cela peut être l’enseignant tout comme l’AVS qui accueille l’enfant à son arrivée avec ses parents. Viennent aussi les rencontres formelles soit des réunions pédagogiques, soit des ESS. Des réunions de travail et de coordination entre enseignant et AVS avec les parents sont importantes à mettre en place (mensuelles de préférence ou bi-mensuelles). Des points particuliers peuvent y être abordés, de quelqu’ordre que ce soit : comportement en classe, en récréation, progrès dans tous les champs... des objectifs à mettre en place pour la période à venir, préparer la prochaine ESS, les supports et ressources à adapter, les évaluations, les projets... De leur côté, les parents transmettent leurs ressentis par rapport à l’école, le comportement de leur enfant à la maison, et toutes sortes d’informations que l’enseignant ne peut avoir sans eux et qui serviront au quotidien en classe. Un outil au service de la liaison école-maison : le cahier de liaison ou cahier de vie ou cahier journal .

2 - Des relations de partenariat hors de l'école

Cet enfant avec autisme qui passe 12, 15, 18 ou 24 heures par semaine à l’école a dans la majeure partie des cas un accompagnement extérieur avec d’autres professionnels ; SESSAD, HDJ, IME , orthophoniste, ergothérapeute…
Il est important de leur ouvrir la porte de l’école et de la classe en amont des ESS. Des rencontres peuvent se faire en direct en classe ou bien des échanges par mails afin de travailler tous ensemble. Le but est que l’on a tous ensemble un objectif commun tout en ayant chacun des ajustements différents en fonction de sa spécificité professionnelle.
Par exemple, l’orthophoniste vient suivre une séance en classe. L’enfant est prévenu de sa visite et ne sera pas surpris de la voir dans un autre cadre. L’orthophoniste, qui assiste à une séance de lecture, verra ce patient avec lequel elle travaille sous un autre point de vue. Il est en classe donc dans un grand groupe, dans une posture d’élève. Ce qu’elle va pouvoir observer lui permettra de l’aider dans son travail individuel en cabinet. Par ailleurs l’enseignant, en retour, pourra s’informer sur les séances faites avec l’orthophoniste et les objectifs travaillés.
Une visite avec les élèves de la classe à l’IME dans le cadre d’une rencontre, une visite de l’HDJ avec un groupe-classe… Toutes sortes de projets peuvent être déclinés. Ils permettront à tous, enfants avec autisme comme enfants de la classe d’avoir un autre regard sur le handicap.

Vers une école plus juste et inclusive, n’est-ce pas le premier objectif ?
« Les fondements d’une École juste, exigeante et inclusive sont désormais posés et le texte crée les conditions de l’élévation du niveau de tous les élèves et de la réduction des inégalités. »
Extrait de la  loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École de la République

En guise de conclusion

Apprendre à se connaître, à bien communiquer et à comprendre précisément le rôle de chacun vis-à-vis de l'enfant (enseignants, AVS, enseignant référent, équipe de soins, parents, …) est une démarche indispensable au bon déroulement de la scolarisation de l'enfant. C'est en se coordonnant et en partageant nos expériences que nous pouvons offrir le meilleur cadre à l'enfant, adapter notre programme et le faire progresser.

Voir la formation "Créer des liens : des relations de partenariat pour réussir la scolarité et l'inclusion."